Definition Tentative de précision Anxiété généralisée et DSM IV Les problèmes de l'anxiété et de son approche Bref recadrage Anxiété et cognitions Anxiété et comportements Le processus Anxiété en trois dimensions
Recherche d'un état naturel L'individu anxieux veut changer Schéma corporel et monde des sensations Le sujet anxieux est un sujet tendu Importance de la découverte et de la maîtrise respiratoire Le dialogue tonique Tensions instinctives, émotionnelles et intellectuelles Apports des techniques psycho-corporelles
Intolérance à l'incertitude Dimension cognitive de l'anxiété 1) Schémas et inconscient 2) Processus et distorsions
1) Schémas et inconscient 2) Processus et distorsions
1) Inhibition 2) Evitement 3) Hyperactivité 4) Vérification
1ère rencontre : dimension psycho-corporelle 2ème rencontre : dimension émotionnelle
Bibliographie
Etat affectif caractérisé par un sentiment d’insécurité, de trouble diffus. (Larousse psychologie)
Le trouble anxieux est difficilement définissable. La définition de "peur sans objet" tient difficilement la route face aux phénomènes tels que l'anxiété liée à des situations bien précises, ou le trac. On peut également se demander s'il est utile de trouver une définition.
Quelques facteurs communs : - Anticipation anxieuse : inquiétudes portées sur l'avenir (appréhension et préoccupation) - Malaise et tension intérieure, incapacité à se détendre. - Les idées angoissantes vont et viennent (à la différence de la névrose obsessionnelle). - Sensation d’un événement négatif imminent. - Etat d’hypervigilance. - Tristesse ou agressivité (fuite ou lutte) - Irritabilité, impatience, intolérance - Agitation, tension nerveuse et musculaire - Troubles du sommeil
- l’anxiété aiguë entraîne quelques inhibitions (diminution ou arrêt d'une fonction)
w Dysfonctionnements cognitifs (pensées, représentation mentales), w Altération du raisonnement, du jugement et donc des performances. w Troubles psychomoteurs (maladresse, capacités de réaction amoindrie, voire anihilées).
L'anxiété aigue a été définie et caractérisée comme un trouble anxieux : l'anxiété généralisée.
Les critères DSM IV de l’anxiété généralisée :
1. Au moins un souci durant un mois, un jour sur deux. 2. Préoccupation difficile à contrôler, voire incontrôlable. 3. Au moins trois symptômes parmi :
- Agitation, surexcitation - Fatigabilité - Trouble de concentration - Irritabilité - Tension musculaire - Troubles du sommeil
L’anxiété généralisée concerne 4,5% de la population
Seulement 10% des sujets consultent des spécialistes.
- Trouble sémantique : l’anxiété est un terme flou. Il n’a pas ou peu de connotations médicales ou pathologiques.
- L’anxiété est tout d’abord perçue par l’individu et son entourage comme un trait de personnalité. « Tu es anxieux », dit-on, confondant tendance acquise et mouvante avec une caractéristique figée et naturelle. Ainsi, on est (ou l’on naît) hypersensible mais on devient anxieux.
- L’anxiété apparaît en général dès l’adolescence, mais il se passe en général de nombreuses années avant que des consultations soient envisagées.
- Les manifestations somatiques qui accompagnent généralement l’anxiété ne sont pas «spectaculaires ». Elles sont constantes : on s’habitue, les troubles deviennent une "seconde nature". "C'est comme ça". Elles sont modérées : ne poussent donc pas à une démarche thérapeutique sortant de l’ordinaire.
L'anxiété n'est pas un état, immobile et définitif. L'anxiété est fluctuante : elle laisse des moments de répit.
L'hypersensibilité qui génère un terrain favorable à l'anxiété est un atout si on la considère de manière globale (attention) et non du seul point de vue (focalisation) du travers qu'est l'anxiété.
Tout est donc possible.
Croyances irrationnelles :
- L’anxiété est un fait : « je suis comme ça ». Le sujet accepte son anxiété et la vit comme quelque chose d’immuable. Un autre comportement ne peut donc pas être envisagé.
- L’anticipation anxieuse permet la résolution du problème : illusion de contrôle Penser à un événement en termes négatifs et non réalistes ne permet en aucun cas de faciliter cet événement ou d’avoir le recul nécessaire pour exprimer toute ses compétences. Le conditionnement négatif influe sur la résolution du problème voire la condamne. Stress et anxiété désolidarisent l’individu de ses ressources.
- L’anticipation anxieuse permet de ne pas être déçu en cas d’échec : illusion de maîtrise du futur. Penser le pire ne permet en aucun cas de l’éviter ou de l’atténuer. Par conbtre, le contenu anxiogène de la situation est renforcé.
Inhibition de l’action : blocage (psychologique ou physiologique) face, à la situation. « Je ne m’en sens pas capable »
Evitement : « je fais tout pour ne pas me retrouver dans cette situation »
Vérifications et rituels : « je me rassure en vérifiant, vérifiant, vérifiant… » La vérification devient un rituel, s’enrobe et se nourrit de croyances diverses.
Actions inefficaces : «je m’agite en espérant que tout va rentrer dans l’ordre ».
Ces conduites sont jugées dysfonctionnelles, car même si, dans un premier temps elle apportent parfois un mieux-être, à moyen et long terme elles augmentent la valeur anxiogène de la situation. Pendant qu’on s’agite, qu’on ne fait rien, qu’on évite ou qu’on vérifie indéfiniment, on ne développe pas les compétences nécessaires à l’adaptation à la situation problème.
Le processus précédement décrit fait ressortir schématiquement un phénomène anxieux tri-partite : - Dimension psycho-corporelle - Dimension cognitive - Dimension comportementale Ces trois dimensions constituent la colonne vertébrale d'une approche psychothérapeutique.
La relaxation n’est pas une activité ramollissante de salon. « Relaxer » a la même origine étymologique que «libérer » (on emploie d’ailleurs le terme « relaxer », pour un prisonnier qu’on libère). La relaxation est un état naturel, bien éloigné il est vrai des conditionnements sociaux et autres présupposés (quand on veut on peut, garder le contrôler, sauver les apparences, en travaillant on y arrive, tiens-toi droit rentre ton ventre…).
Tout changement est issu d’un apprentissage. Tout apprentissage et sa réussite sont conditionnés par la capacité de l’individu à lâcher-prise : capacité du sujet à se dégager de son problème, des idées préconçues, conditionnements sociaux, présupposés, déterminismes sociaux et familiaux, traumatismes, … Si l'on considère l'anxiété comme une tendance acquise, la relaxation est un outil privilégié : se donner les moyens de quitter schémas cognitifs et comportementaux dysfonctionnels pour mieux pouvoir les remettre en cause, envisager alternatives et apprentissages jusque là impossibles. La relaxation génère un espace d’apprentissage, de changement, d’expression dont l’ouverture, bien que relative, permet un nouveau terrain d’expression et de développement.
Toute difficulté psychologique naît d’une dysharmonie du sujet : - par rapport à lui-même - par rapport à son entourage - par rapport au monde Le premier support du sujet est le corps. Toute dysharmonie passe par une représentation limitante, déformée ou quasiment absente du corps. Le schéma corporel en tant que réalité vécue, principe cher à la Sophrologie est un outil appréciable, accompagné d’idées « vittoziennes » (rééducation psychosensorielle).
La reconnaissance du schéma corporel et du monde des sensations élargit le champ de conscience de l’individu. Sensations corporelles, maîtrise de soi, gestion du stress, capacités d’adaptation, confiance en soi,
Se relaxer n’est donc pas un phénomène artificiel ou extérieur. Il s’agit de retrouver et de libérer des compétences perverties par l’histoire de l’individu : la relaxation existe en nous de manière naturelle, se relaxer, c’est donc aussi progresser dans la connaissance de soi-même.
- La respiration est la seule fonction vitale dépendante du système neuro-végétatif que l’homme puisse maîtriser. Participant à la régulation du système nerveux, de la circulation sanguine, la fonction respiratoire est bien entendu capitale d’un point de vue physiologique.
D’un point de vue psychologique, la relation entre respiration et état émotionnel n’est plus à prouver. Mais, dans le cadre de l’anxiété et de la gestion émotionnelle, l’important est de constater que cette relation est bilatérale :
- Respiration ventrale : le terme « respiration ventrale » est souvent employé. Il est pratique mais peut jeter le trouble sur l’activité respiratoire. On ne respire avec son ventre.. Il s’agit de dilater le ventre, de faire descendre la masse viscèrale en détendant les muscles abdominaux. pour descendre le seuil de la respiration et accroître le volume pulmonaire (la place dont disposent les poumons).
Cette idée à le mérite de rétablir la mobilité du diaphragme, de réhabiliter une respiration naturelle. La respiration « abdominale », est celle du bébé, de l’adulte pendant son sommeil ou de l’animal. Bref une respiration normale, originelle, qui disparaît avec le temps, pervertie par la vie sociale, l’éducation « tiens-toi droit, rentre ton ventre », par toutes sortes d’inhibitions ou d’images négatives associées au corps.
La respiration « ventrale » est naturelle. Sa révélation ne doit pas être forcée ou artificielle. Il s’agit uniquement d’un retour au source, non d’un mécanisme de plus : cette respiration incarne et enracine.
a. Tonus musculaire
La physiologie de l’individu présente deux types de muscles :
- Muscles lisses (ou muscles blancs) : leur contraction est autonome, involontaire ou soumise au système nerveux végétatif.
- Muscles striés (ou muscles rouges ou muscles squelettiques) : unissant les os, ils permettent la mobilité du sujet. La contraction de ces muscles est volontaire, soumise au contrôle cérébral.
Ce sont les muscles striés, muscles volontaires, qui nous intéressent ici. Ces muscles sont maintenus dans un état de contraction partiel mais permanent : le tonus musculaire, qui permet par exemple de maintenir le corps dans une situation donnée. Ce seuil minimal de contraction est bien entendu variable selon l’individu.
b. Régulation
Les chocs, émotions agissent sur la fonction tonique du muscle, d’où l’importance de l’apprentissage de sa régulation en relaxation. Selon ses capacités, le sujet répondra de deux manières à une agression :
- Dérèglement du tonus musculaire : agressé, le sujet se contracte exagérément. Cette dépense d’énergie ne lui permet pas d’agir correctement pour résoudre le problème. D’autres sollicitations surgissent. N’ayant pas retrouvé tout son tonus musculaire, cette nouvelle agression est encore plus mal vécue que la précédente… La tension devient chronique.
- Régulation du tonus musculaire : le tonus musculaire est plus bas. L’agression ne crée pas ou peu de tensions. Le sujet peut réagir, avoir accès à ses ressources puis retrouver rapidement et aisément son état de départ.
c. Fonction et dialogue tonique
La fonction tonique est au centre de la vie de chaque individu. Dans ses relation avec lui même, mais aussi avec son environnement.
Dans ce cadre, la relation à soi et au monde dépend essentiellement du dialogue tonique que l’individu peut mettre en place. Répondre aux demandes de manière sereine, dans un corps libre et épanoui, établir une relation non-tensionnelle.
Ce dialogue est autant physiologique que psychologique. C’est d’ailleurs là une de ses spécificités. Réconciliant intellect et corporalité, il apporte à l’individu une juste et libre appréciation de la vie en relation. La maîtrise de ce dialogue est le but de la relaxation.
Les techniques psychocorporelles se proposent de réduire les tensions et de les équilibrer : construire une image corporelle entière, qui réhabilite certaines parties du corps pour en soulager d’autres.
Relaxation
- Prendre conscience des tensions, apprendre à les réguler. Ceci entraîne une meilleure connaissance de soi, des différents états que l’on peut traverser ou vivre.
- Réhabiliter certaines parties du corps oubliées ou muettes et ainsi favoriser le dosage des dépenses d’énergie et des tensions qui en naissent.
- Se sentir bien dans sa peau, équilibré, ce qui favorisera une juste attitude face aux éléments perturbateurs. Par voie de conséquence, renforcement de la personnalité, de la confiance en soi…
- Développement des capacités d’éveil. « S’éveiller à » , c’est porter son attention sur un phénomène nouveau. En relaxation, l’attention est portée sur le corps. Habituellement, on ne porte attention à son corps qu’en cas de plaisir intense ou, plus fréquemment lorsqu’il souffre, se manifeste de manière négative. On « pose » son attention, on découvre pour la simple découverte, pleinement. Il ne s’agit pas d’une attention instinctive ou spontanée, mais d’une expérience vécue en pleine conscience, être complètement présent à ce qui se produit, mais sans tension ou volontarisme. Etre là tout simplement.
- Prélude à un sommeil retrouvé : Mettre en place la détente psycho-corporelle nécessaire à l’endormissement.
Travail respiratoire
- La respiration a une fonction régulatrice de la part émotionnelle de l’anxiété, prépondérante.
- Respirer consciemment, c’est libérer les tensions internes, oxygéner le cerveau, le corps.
- En respirant « ventralement » on réhabilite la part instinctive du corps, oubliée.
- Quitter le rythme extérieur pour être attentif à son rythme intérieur : la respiration est un formidable outil de lâcher-prise.
- Maîtriser les enjeux émotionnels de la vie en relation (prise de parole, enracinement, confiance en soi).
Sophrologie
- D’un point de vue physiologique, l’individu apprend à détecter, reconnaître et anticiper les réactions organiques qui accompagnent l'anxiété.
La relaxation dynamique apporte les sensations nécessaires à cette maîtrise. Le schéma corporel vécu dans sa globalité, sa connaissance et celle de la relaxation permettent de soulager les parties du corps qui supportaient à elles seules toutes les tensions.
- L’état alpha, état de détente est obtenu de plus en plus aisément et de plus en plus rapidement jusqu’à un effet quasi-instantané. Il permet à l’individu au cours de la journée, d’expulser les tensions, de recharger ses forces et ses défenses.
- L'anxiété est notamment vécue dans un système relationnel. La sophrologie en développant les potentiels de l’être humain, ces capacités de calme, de sérénité, de confiance en lui, de maîtrise de son corps, développe l’individu mais aussi, en inter-relation, modifie la manière dont il est perçu par les autres.
Les rapports de l’individu avec le monde sont recadrés, mais aussi ceux du monde avec l’individu.
Le terme d'intolérance a l'incertitude parait judicieux dns le cadre de l'anxiété. Face à une situation, l'incertitude survient. Elle nourrit l'inquiétude et par la même le phénomène anxieux. L'inquiétude se conceptualise sous la forme d'un discours intérieur, de pensées verbales ou bien d'images mentales catastrophistes. Il parait donc justifié de poser tout d'abord l'anxiété comme un trouble cognitif. Les manifestations anxieuses qui suivent témoignent d'ailleurs de cette dimension cognitive :
L’approche cognitive propose une vision globale du processus qui mène à un trouble tel l’anxiété. L’anxiété est un trouble éminemment cognitif. Mais la description s’applique également à des difficultés telles la dépression ou certains troubles de la personnalité et du comportement.
Repris dans d’autre pages, le schéma de base :
L’étape cognitive est donc essentielle. Ca n’est pas ici la réalité qui pose problème mais ce qui en est pensé.
Le même schéma avec l’étape cognitive (ce qui est pensé), un peu plus développée :
Les trois points essentiels du traitement cognitif de l’information vont être développés. Ils constituent également la colonne vertébrale d’une prise en charge thérapeutique. Dimension cognitive du sujet ou « Comment traitons-nous les informations » : 1) Schémas, postulats, croyances et inconscient
Les termes « schéma », « postulat », « croyance » sont employés indifféremment selon les auteurs. Ces schémas sont des composants stables, mis en place essentiellement lors d’expérience pendant la petite enfance.
Ces schémas sont inconscients. Avec le terme inconscient, nous sommes loin de l’emploi psychanalytique. Il faudrait plutôt le rapprocher du sens de mémoire à long terme, inexact mais moins ambigu.
Au gré de notre histoire, de notre sensibilité, de stress répétés pendant l’enfance, de traumatismes, d’exemples familiaux ou sociaux, nous emmagasinons tous des informations diverses dans la mémoire à long terme. Ses informations, dysfonctionnelles dans le cas de l’anxiété, sont stockées sous la forme de postulats, schémas…
Dans le cadre de l’anxiété, ces schémas reflèteront souvent :
- Une vision menaçante du monde extérieur - Une vision défaillante du monde intérieur - Une vision péjorative du futur
A travers le filtre de l’anxiété, « danger et contrôle », la vision de soi, des autres, du monde va s’orienter et faire naître de nouveaux postulats, schémas différents selon l’individu. Quelques exemples en reprenant les trois groupes essentiels :
- Une vision menaçante du monde extérieur « La vie, c’est marche ou crève » / « les autres sont des requins » / « L’enfer, c’est les autres » / on n’existe que quand on gagne » / « Les hommes ne s’intéressent qu’au sexe » / « La vie est une souffrance »… - Une vision défaillante du monde intérieur « je suis nul » / « je ne vais pas y a arriver » / « je n’ai pas de chance » / « je n’ai rien d’intéressant à dire » / Je n’existe pas sans mes performances »… - Une vision péjorative du futur « Personne ne sait ce que l’avenir nous réserve », « Il vaut mieux être toujours sur ses gardes »…
- Une vision défaillante du monde intérieur « je suis nul » / « je ne vais pas y a arriver » / « je n’ai pas de chance » / « je n’ai rien d’intéressant à dire » / Je n’existe pas sans mes performances »…
- Une vision péjorative du futur « Personne ne sait ce que l’avenir nous réserve », « Il vaut mieux être toujours sur ses gardes »…
Il y a trouble comme l'anxiété lorsque ces schémas sont inadaptés aux bien-être. Les difficultés sont multiples :
- Un schéma est inconscient - un schéma parait indiscutable et rigide - Le schéma va orienter tout traitement de l'information. ce qui vient le confirmer est amplifié, ce qui lui est contraire est minimisé - Un schéma est inconscient : il surgit à travers l'émotion, sans nécessairement passer par la conscience et son traitement logique. - Le schéma n'est pas traité de manière logique mais est donné comme vrai. - Pour atténuer les effets du schéma, l'individu va mettre en place des comportemetnts dysfonctionnels. - ...
- Un schéma est inconscient - prendre conscience des schémas - Un schéma parait indiscutable et rigide - remettre en cause ces schémas, les discuter - Le schéma va orienter tout traitement de l'information. ce qui vient le confirmer est amplifié, ce qui lui est contraire est minimisé - mettre en valeur ce qui ne vient pas confirmer le schéma, réajuster la lecture du réel - Un schéma surgit à travers l'émotion, sans nécessairement passer par la conscience et son traitement logique - faire un examen conscient et logique des schémas - Le schéma n'est pas traité de manière logique mais est donné comme vrai - expérimenter la vérité du schéma - Pour atténuer les effets du schéma, l'individu va mettre en place des comportements dysfonctionnels - modifier le schéma et par la même les comportements compensatoires
Chez le sujet anxieux, une distorsion s’opère au stade cognitif. La lecture de la réalité s’éloigne dangereusement de la réalité elle-même. C’est ce que l'on appelle une lecture dysfonctionnelle.
A titre d’exemple, quelques pensées dysfonctionnelles :
- Lectures de pensées : l’individu pense savoir ce que pensent les autres sur lui-même. Ex : « Ils me prennent pour un imbécile . »
- Affirmation sans preuve : ce sont la plupart du temps des prédictions aléatoires, à la forme négative. Ex : « De toute façon, on ne vas pas y arriver. »
- Maximalisation et minimalisation : dans le cadre du stress, tendance à sur-estimer les échecs, à sous-estimer les réussites. Ex : «Là, c’était trop facile. Tout le monde pouvait le faire.»
- Généralisation : généralisations abusives. Ex : « Les hommes sont des …»
- Tout ou rien : dans le cadre du stress, par exemple, ne penser qu’en terme de réussite. Ex : « On n’existe que quand on gagne.»
- Déduction abusive ou sélective : tendance à ne retenir que ce qui sert l’idée anxiogène ou stressante, en le sortant de son contexte. Ex : « Il ne m’a pas passé le sel. Tu vois qu’il ne m’aime pas.»
- Personnalisation excessive des événements : ramener les événements à soi. Ex : «Tout ce qui arrive est de ma faute.»
L’appréhension anxieuse, les cognitions alarmistes, les manifestations corporelles de l’anxiété génèrent des comportements anxieux, non adaptés au bien-être et à l’évolution de l’individu. 1) Inhibition : face au danger, on perd ses moyens. Le sujet, coupé de ses ressources ne peut s’adapter. Desogarnisé, ses comportements vont tendre vers deux extrêmes, tout aussi dysfonctionnels l’un que l’autre. - Ralentissement voire blocage des compétences : l’application, extrême, devient immobilisme. Les capacités du sujet sont fortement altérées : langage oral, capacités logiques, capacités psychomotrices, compréhension, attention portée aux autres, au monde extérieur… - Accélération, fébrilité : le sujet ne contrôle plus ses compétences, qui s’emballent : précipitation, débit verbal, erreurs logiques, actes inconsidérés, voire agressivité.
Les comportements anxieux sont variés. Les trois comportements suivants ont par contre des points communs : - Il apportent une réassurance, relative, à court terme - Ils participent au développement de l’anxiété à moyen et long terme. 2) L’évitement : c’est le comportement anxieux par excellence. On évite la situation anxiogène (peur d’avoir peur). Le bien-être est de courte durée, puisque la situation n’en devient que plus appréhendée encore. Le sujet ne développe pas ses compétences à vivre et supporter la situation.
Qu’est-ce qui fait peur ? Ce n’est pas la réalité qui fait peur mais l’image que l’on s’en fait (on dit d’ailleurs, « s’en faire toute une montagne ») La situation imaginée est toujours plus terrible que la situation réelle. Comment se rassurer si on ne vérifie jamais que les craintes sont fondées ou non. C’est la un paradoxe : la situation appréhendée n’a jamais été réellement vécue, donc évaluée du point de vue de sa réelle dangerosité. Le comportement d’évitement, loin de soulager la peur, en est le premier « carburant ». On a confiance que dans ce qu’on connaît. Et pour connaître, il faut avoir pu rencontrer.
L’échappement : "cousin" de l’évitement. Comportement qui survient lorsqu’une situation n’a pu être prévu. La panique monte, le sujet se soustrait à la situation en cours, responsable de son malaise (ou prétendue responsable) 3) L’hyperactivité : face à la peur, l’envie est forte de contrôler. L’hyperactivité représente assez bien ce que l’on nomme illusion de contrôle. Face au vide de l’inquiétude, on comble de manière illusoire, en s’agitant. Ce comportement est d’ailleurs responsable d’effets secondaires de l’anxiété tels la fatigue, les troubles de mémoire ou de l’attention, les troubles du sommeil, l’incapacité à se détendre, agressivité, phénomène d’isolement social ou professionnel progressif… Là encore, l’anxiété est nourrie.
4) Vérification : voisine de l’hyperactivité, autre illusion de contrôle, le comportement vérificateur, voire ritualisant. Plus on vérifie, plus on doutera de soi la fois suivante. Là encore, une grosse quantité d’énergie est utilisée, dans des actions répétitives et parasites. Dans un état second, le sujet vérifie, mais pris dans la tourmente, n’ancre pas les bénéfices de cette vérification. Il doit recommencer. Là encore, le comportement ne soulage que peu la peur et chronicise les comportements futurs.
Cette partie est importante. Importante et à mon avis peu considérée. Il est une discipline qu'on nomme développement personnel. Curieux d'avoir besoin de créer une approche, un terme nouveau. Toute approche psychologique devrait être une démarche de développement personnel. Psychiatrie, psychologie, délaissent ce domaine, pensant souvent qu'il s'agit là de considérations secondaires. Opinion étonnante puisqu'il s'agit de développer la personne. Mais peut-être veulent-elles simplement soigner? Il est beaucoup question ici d'anxiété. Le développement de la personne est à mon avis le chainon manquant. L'axe supplémentaire qui nourrit, génère les changements, le progrès : le gage d'une approche globale, complête et réussie.
L’estime de soi est également une notion nouvelle. Même si elle n’apparaît pas clairement dans les parutions sur l’anxiété, elle est un élément capital. L’estime de soi participe à la genèse de toute difficulté anxieuse et, pourrait-on dire, de toute difficulté psychologique. Elle est également le fondement et le "carburant" d'une évolution personnelle et /ou thérapeutique.
L’estime de soi est l’appréciation que l’individu porte sur lui-même. Il s’agit donc d’une démarche évaluative, d’un jugement de valeur.
Pour établir un tel jugement, l’on se fonde sur la représentation qu’on a de soi, sur ce qu'on ressent de soi en même temps qu'on le vit : la conscience de soi. Il est donc important tout d’abord de se connaître pour s’estimer correctement. Or dans ce domaine, qui plus est dans le domaine de l'anxiété, l’écart est grand entre ce que l’individu pense, ressent de lui-même et ce qu’il est en réalité. La vision de soi est par définition subjective.
Pour bien évaluer, il faut bien connaître. Et pour connaître, il faut avoir pu rencontrer. L’estime de soi se construit donc sur des rencontres, rencontres avec soi-même. Ce sont les outils de cette rencontre qui vont être présentés ici :
Qui dit anxiété dit difficultés, déséquilibres psycho-corporels : - Image du corps défaillante voire absente (monopole de la pensée), sensations tronquées des zones instinctives (ventre, région pelvienne, organes sexuels, membres inférieurs…) - Inhibition corporelles diverses (corporel associé à l’accessoire, à la bestialité, la faute, le non-dit…) - Tensions multiples (zones de tensions, respiratoires, épaules, membres supérieurs,…) - Dysfonctionnements divers (respiration, représentation spatiale, temporelle, enracinement aléatoire, …)
Les techniques psycho-corporelles sont largement abordées sur ce site. Il semble évident que la connaissance de soi s’établit tout d’abord à travers la rencontre avec le premier support : le corps. Schéma corporel, monde des sensations sont des outils de construction, de restructuration. Connaître, ressentir, apprécier sa dimension corporelle, développer sa dimension sensorielle sont des outil à prendre conscience. Prendre conscience de ce que l’on est, ici et maintenant, corporalité et sensorialité au présent. Idées qui peuvent surprendre mais correspondent à la manière de fonctionner de chaque individu avant la conceptualisation par le langage et la prise de pouvoir de la rationalisation excessive.
Aller à la rencontre de son corps Apprendre à le ressentir, pour le connaître et le maîtriser Etre au contact de soi-même ici et maintenant Equilibrer : identifier les tensions, les zones corporelles délaissées voire refoulées Réhabiliter un corps global, vécu et ressenti dans son intégralité, pour lui-même. Restructurer, développer sa conscience corporelle Développement, travail des sens, organes de perception du monde extérieur Se représenter : ouvrir les champs du possible, se découvrir sous de nouveaux angles…
L’émotion naît d’un stimuli : en fonction d’un événement, d’une situation, on réagit de telle ou telle manière.
En cela, l’émotion est un révélateur de notre perception de la situation, du réel. Chaque émotion que nous ressentons nous donne de l’information sur soi, sur la manière dont nous concevons la vie, nous-mêmes, les autres, le monde qui nous entoure.
Le but des ces articles étant de développer le concept de conscience de soi, l’identification et la reconnaissance des émotions est donc un élément fondateur : « ce que je ressens dit ce que suis ». De la même manière : « si je nie l’émotion , si je m’interdis l’émotion, c’est de moi-même que je m’éloigne ».
Le concept d ‘ »intelligence émotionnelle », apparu depuis peu s’est construit sur ces idées fondamentales. Identifier, connaître, exprimer, respecter ses émotions ainsi que celles des autres, est un chemin royal vers le bien-être.
Les différentes émotions seront développées par ailleurs (vie en relation). Ici, nous nous attachons à l’ »émotion-reine » en matière d’anxiété : la peur.
La peur
Originellement, la peur répond à un stimulus bien précis : le danger. Cette émotion se révèle pendant l’exposition au danger, mais aussi avant (appréhension, …) et après (stress post-traumatique). La peur permet à l’individu de s’organiser pour s’adapter au danger (montée d’adrénaline, mobilisation du corps…)
Dans le cadre de l’anxiété, on parle de peur irrationnelle : il n’y a pas de danger réel, de mise en danger concrète de l’individu.
Décalage et réassurance
Les émotions expriment les besoins essentiels de l’individu. Par définition, la peur exprime le besoin d’être rassuré. Mais rassuré sur quoi ? Le sujet anxieux vit un profond décalage entre la réalité souhaitée, absolue (ce que je voudrais / devrais être) et la réalité ressentie, posée comme réel (ce que je pense être). Le doute s’insinue à ce niveau : « je devrais être ainsi et je suis comme ça ». Le monologue intérieur de l’anxiété sociale naît de cette dichotomie : « On parle pour dire des choses intelligentes, et je n’ai rien d’intéressant à dire »… De même pour l’anxiété de performance (trac) : « je devrai pouvoir faire cela, et je ne vais pas y arriver… ». Dans le domaine agoraphobique, par exemple : « A mon âge, je devrais aller seul à l’école… et je n’y arrive pas ».
Ce décalage est profondément vécu, ressenti. D’où la peur et le besoin d’être rassuré. Au moment du doute, de l’émotion, il va y avoir schématiquement deux options : - Le sujet / l’enfant (car ceci se met en place pendant l’enfance) exprime ces doutes, sa peur, son besoin d’être rassuré. Il trouve des interlocuteurs suffisamment nombreux pour l’écouter et le rassurer. Le doute s’atténue, pour disparaître avec la répétition des réassurances. - Le sujet / l’enfant n’exprime pas ses émotions, ne trouve pas d’interlocuteur attentif… ou pas d’interlocuteur du tout. Le doute se développe, jusqu’à la peur et la phobie.
Comment en vient-on à ne pas exprimer ses émotions ?
L’élément le plus important est culturel, social : - Exprimer ses émotions, c’est être sensible. Etre sensible dans notre société, c’est être faible : « Tu es un homme. Un homme ne pleure pas ». L’enfant ne va pas être écouté, on va plutôt l’ »endurcir pour son bien » : « Tiens-toi, on nous regarde », « Tu es grand maintenant, arrête ton cinéma»… La peur d’un enfant est souvent mal perçue, mal vécue, mal négociée, sans doute d’ailleurs parce que l’adulte lui-même n’a pas complètement aplani ses propres difficultés et que lui-même a encore un peu peur du noir. - Notre société est rationnelle, scientifique : nul place donc pour l’irrationnel : « Comment peux-tu avoir peur d’une souris ! », « Tu n’as aucune raison de craindre ces personnes», « Tu perds la raison ! »…
Face à ces réaction, nouveau dilemme (par nature insoluble) pour l’enfant : exprimer ses émotions et perdre l’amour de ses parents ou garder ses peurs qui, intériorisées, ne vont faire que croître et embellir. Dans la réalité, il y aura souvent va-et-vient entre ces deux options, aussi insatisfaisantes et nocives l’une que l’autre.
A suivre... N'hésitez pas pour tout échange ou renseignement...