Rapport sur les résultats
à long terme des TCC dans les troubles anxieux et la psychose
La Health Technology Assessment vient
de publier un rapport sur les résultats à long
terme des
TCC dans les troubles anxieux et la psychose.
Traduction du résumé
par Dr Jean-Michel THURIN :
Résultats à long terme
des essais cliniques de thérapie cognitivo-comportementale
en Écosse
du centre
OBJECTIFS : Établir les
résultats
à long terme des participants aux essais cliniques de
thérapie
cognitivo-comportementale (TCC) pour les troubles anxieux et la
psychose,
examiner l'efficacité réelle et le rapport
coût-efficacité
liés au bénéfice d'une TCC en
comparaison des traitements
alternatifs.
CONCEPTION : Une tentative a
été
faite d'entrer en contact avec et d'interviewer tous les participants
de
huit essais contrôlés randomisés de TCC
pour des troubles
anxieux et de deux essais contrôlés
randomisés de TCC
pour la schizophrénie conduits entre 1985 et 2001. Un examen
des
ressources de soins de santé utilisées au cours
des 2 années
précédant l'entrée dans les essais et
des 2 années
avant l'entretien de suivi a été entrepris.
CONFIGURATION : Des environnements
urbains et ruraux mêlés dans cinq
localités du centre
de l'Écosse. Des essais cliniques concernant les troubles
anxieux
ont été conduits principalement dans le soin
primaire avec
trois essais concernant le trouble anxieux
généralisé,
quatre concernant le trouble panique et un concernant le trouble
post-traumatique
(PTSD). Les études de psychose (une concernant la
prévention
de la rechute et une concernant le trouble chronique) ont
été
entreprises en soin spécialisé.
PARTICIPANTS : Parmi les 1071 participants
aux 10 études, 489 ont accepté de participer (46%
des participants
initiaux, 52% de ceux qui étaient disponibles pour entrer en
contact).
INTERVENTIONS : Les entretiens de
suivi ont eu lieu entre 1999 et 2003, entre 2 et 14 ans
après le
traitement initial. Les entretiens pour les essais 1-8 ont
été
conduits par un psychologue de recherche qui ne connaissait pas
l'état
initial de traitement. Les entretiens pour les essais 9 et 10 ont
été
conduits des infirmières psychiatriques travaillant dans la
communauté
et également aveugles à l'état du
traitement. Des
notes de cas ont été
réalisées après
l'entretien.
PRINCIPALES MESURES DE RÉSULTATS
: Pour les essais 1-8 les principales mesures de résultats
issues
des entretiens étaient : l'entretien
Programme-plannifié-DSM-IV
pour le diagnostic de troubles anxieux et la comorbidité, la
sévérité
clinique globale (0-8) et l'échelle d'évaluation
de l'anxiété
de Hamilton. Les principales mesures d'évaluation du patient
étaient
: L'inventaire bref de symptôme, le SF-36 II,
l'Amélioration
clinique globale (1-7), et l'échelle d'affect positif et
négatif.
Pour les essais 9 et 10 la mesure de résultat primaire
était
l'échelle basée sur un entretien de syndrome
positif et négatif
(PANSS).
RÉSULTATS : Pour les études
concernant trouble anxieux (essais 1-8), la moitié des
participants
(52%) a présenté au moins un diagnostic au suivi
à
long terme, avec des niveaux significatifs de comorbidité et
d'états
de santé comparables aux 10% les plus bas de la population
générale.
Seuls 36% d'entre eux ont rapporté ne recevoir aucun autre
traitement
pour l'anxiété au cours de la période
de suivi, 19%
d'entre eux recevant un traitement de façon quasi constante.
Les
patients avec PTSD allaient particulièrement mal. Il y a eu
une
augmentation réelle de 40% en coûts de soins de
santé
au cours des deux périodes de temps, principalement due
à
une augmentation de la prescription. Un rapport étroit a
été
trouvé entre une mauvaise santé mentale et
physique pour
ceux qui présentaient un trouble anxieux chronique.
Le traitement avec TCC a été
associé à de meilleurs résultats
à long terme
que le non TCC en terme de sévérité
globale de symptôme,
mais pas en ce qui concerne l'état diagnostique. Les effets
positifs
de la TCC trouvés dans les essais cliniques initiaux se sont
érodés
sur des périodes de temps plus longues. Aucune preuve n'a
été
trouvée pour une association entre une thérapie
plus intensive
et plus d'effets durables de la TCC. Les résultats
à long
terme se sont avérés être le plus
fortement prévisibles
en fonction de la complexité et la
sévérité
des problèmes présentés au moment du
début,
de l'accomplissement de traitement indépendamment de sa
modalité
et de la quantité de traitement intermédiaire
pendant la
période de suivi. La qualité de l'alliance
thérapeutique,
mesurée dans deux des études, n'a pas
été liée
aux résultats à long terme, mais a
été liée
aux résultats à court terme.
L'analyse coût efficacité
n'a montré aucun avantage de la TCC par rapport aux non TCC.
Le
coût de la TCC dans les essais cliniques initiaux n'a
représenté
qu'une très petite proportion (6.4%) des coûts
globaux de
soins de santé relatifs à cette population, qui
sont élevés
tant pour les problèmes de santé physiques que
mentaux. Dans
les études de psychose (essais 9 et 10), les
résultats étaient
généralement faibles avec seulement 10% des
patients qui
ont réalisé une réduction de 25% au
niveau des scores
totaux de PANSS depuis le prétraitement jusqu'au suivi
à
long terme ; de même l'analyse
coût-efficacité n'a montré
aucun avantage de la TCC par rapport à la non TCC, bien que
les
coûts de soins de santé se soient
réduits au cours
des deux périodes de temps, principalement à
cause d'une
réduction
en coûts
d'hospitalisation.
CONCLUSIONS : Les services psychologiques
de thérapie doivent reconnaître que les troubles
anxieux tendent
à suivre un cours chronique et que les bons
résultats des
TCC à court terme n'apportent aucune garantie de bons
résultats
à moyen ou à long terme. Les cliniciens qui vont
au delà
des protocoles de traitement standard d'environ 10 séances
sur une
période de six mois sont peu susceptibles de provoquer une
amélioration
plus grande. Les résultats faibles sur le long terme sont
liés
à une plus grande complexité et
sévérité
des problèmes présentés au moment de
la prise en charge,
au manque d'achèvement du traitement
indépendamment de la
modalité, et de la quantité de traitement
intérimaire
pendant la période de suivi. Les gains relatifs de la TCC
sont plus
grands dans les troubles
anxieux
que dans la psychose. Des
conceptions de recherche longitudinale portant sur des
périodes
étendues (2-5 ans), avec un grand nombre de participants
(500+),
sont nécessaires pour étudier l'importance
relative des caractéristiques
du patient, de l'alliance thérapeutique et de l'expertise de
thérapeute
en déterminant le rapport
coût-efficacité de la TCC
à plus long terme.
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