Par
Jérôme Boutillier, thérapeute et
coach
- Enseignant à l'Institut
Normand
de Coaching et de Thérapies Brèves
- Auteur de Migraine,
hypnose
et relaxation
Différents
types
de migraines
La
migraine est divisée en deux sous-groupes
: migraine sans aura et migraine avec aura
:
Les
migraines
sans
aura
Le
diagnostic de migraine sans aura est
retenu lorsqu'il y a eu au moins cinq
épisodes de céphalées :
w
Ayant duré de 4 à 72 heures (en l'absence
de traitement efficace) ;
w Ayant
au
moins deux des caractéristiques suivantes
:
-
Unilatérale.
-
Pulsatile.
-
D'intensité modérée ou sévère (empêchant
ou gênant les activités habituelles).
-
Aggravées par les efforts physiques.
w S'accompagnant
d‘au
moins un des symptômes suivants :
-
Nausées ou vomissements.
-
Intolérance à la lumière (photophobie) et
au bruit (phonophobie).
-
En l'absence de maladie organique pouvant
expliquer les céphalées.
Les
migraines
avec
aura
Les
auras :
-
manifestations visuelles, tels que des
scintillements ou des stries
lumineuses.
-
sensations de picotements ou de
difficultés à parler, qui durent quelques
minutes.
Le
diagnostic de migraine avec aura est posé,
lorsqu'il y a eu au moins deux crises
remplissant au moins trois des quatre
caractéristiques suivantes :
-
Un ou plusieurs symptômes d'aura
totalement régressifs, indiquant une
dysfonction cérébrale focale.
-
Au moins un symptôme d'aura apparaissant
progressivement sur plus de 4 minutes ou
au moins deux symptômes successifs.
-
Aucun symptôme d'aura persistant plus de
60 minutes.
- Maux
de tête apparaissant dans l'heure qui suit
l‘apparition des symptômes d'aura.
-
En l'absence de maladies organiques
pouvant expliquer les céphalées.
Pour
résumer,
la
probabilité de migraine est forte, si il
y a des maux de tête répétés,
suffisamment intenses pour empêcher les
activités quotidiennes,
crises
parfois accentuées de nausées et
vomissements ou précédées d'une aura
visuelle.
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Signes
La
migraine dans 30% des cas se caractérise
par des signes annonciateurs :
-
Hyperactivité ou le contraire.
-
Etat à tendance dépressive
-
Trouble de l’humeur
-
Sensation de contrainte, de fatigue
-
Crise de bâillement
-
Besoin impérieux d’un certain type de
nourriture (voire crise de boulimie)
Une
des traits particulier est donc la
modification de l’humeur et de
l’énergie, dans un sens ou dans
l’autre.
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Associations
/
confusions
w La
céphalée
de
tension
Bien
souvent la migraine est associée à un
autre phénomène, du type céphalées de
tension (dans 83% des cas, d'après
Rasmussen / Danemark).
Les
céphalées
de
tension, bilatérales, diffuses et
d'intensité moyenne, n'empêchent pas les
activités habituelles et ne s'accompagnent
pas de
nausées
et de vomissements.
Quelques
éléments :
-
Serrement des mâchoires, un
dysfonctionnement de la région maxillaire
(grincement de dent, …)
-
Stress psycho-sociaux
-
Anxiété, stress, ou l’obsession elle-même
de la céphalée.
-
Dimension musculaire : mauvaises
habitudes, mauvaises positions…
w La
céphalée
d’origine
médicamenteuse
Ces
céphalées
sont
dues à un abus de médicaments
anti-douleur, tranquilisants qui peut
entraîner une chronicisation, avec un mal
de tête diffus et
persistant,
différent
des crises de départ. On peut parler ici
de cercle vicieux.
w Les
algies
vasculaires
de la face
-
douleurs unilatérales extrêmement
violentes (région orbitaire ou de la
tempe)
-
souvent accompagnées d'un larmoiement et
d'un écoulement nasal. Ces crises se
reproduisent souvent chaque jour pendant
plusieurs semaines.
Ces
différents
types
de céphalées peuvent tout à fait être
associés à la migraine, précédant
l’installation de celle-ci, ou
consécutives.
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Enfant,
relaxation,
hypnose
et migraine
Quelques
ressources dans le cadre de la migraine :
w Relaxation
La relaxation a pour
effet général de réduire l’intensité de la
douleur quelle que soit son origine et
d’engendrer un apaisement. Simultanément,
elle agit sur certaines causes de la douleur
comme par exemple l’état de tension excessif
musculaire ou anxieux. Elle apporte de plus
un sentiment de sécurité, puisque l’enfant
apprend à maîtriser lui-même l’outil et
possède ainsi un moyen d’agir sur la
migraine. Cette pratique, ce développement
des sensations permet également un éveil de
l’enfant à lui-même, une prise de conscience
des stress et des déclencheurs de crise, de
la fatigue…
w Hypnose
et enfant
L’Hypnose est un état modifié
de conscience, différent de l’état de
conscience ordinaire, dans lequel l’enfant
va puiser les ressources dont il dispose
inconsciemment.
L’enfant présente des qualités
naturelles pour la pratique de l’hypnose. Il
connaît spontanément cet état de
déconnexion, de rêverie. Il est donc un
sujet de choix pour l’hypnose, apprend plus
vite dans ce domaine que l’adulte.
De plus, les enfants
sont en général attirés par cette
discipline, mystérieuse et sans douleur.
w Présentation
de l’hypnose aux enfants
Pour les enfants, l’hypnose
est analogue à imaginer, rêver ou faire
semblant. L’hypnose peut donc leur être
présentée comme quelque-chose qu’ils savent
déjà faire, une compétence qu’ils possèdent
déjà sans le savoir.
L’inconscient peut être
présenté aux enfants, dans la définition
ericksonienne, comme ce qui n’est pas
conscient, ce dont on n’a pas à s’occuper et
qui fonctionne tout seul en temps normal
(comme la poussée des cheveux ou les
battements de cœur). Le terme «
inconscient », obscur, trouvera une autre
dénomination (« ange gardien », « esprit
intérieur », « guide intérieur »…).
w La
relation avec l’enfant
La relation est typique du
modèle eriksonien. L’enfant est le créateur
de son changement, il possède en lui les
ressources, le thérapeute doit
nécessairement adopter un « profil bas »,
pour que l’enfant en vienne à utiliser ses
compétences naturelles. Si il est en contact
avec un adulte tout puissant, il ne
sollicitera pas ses ressources.
La stratégie en hypnose avec
les enfants est non directive. On lui donne
la possibilité de changer, mais c’est lui
qui décide, qui fait des choix. L’enfant
doit avoir le sentiment de contrôler la
situation. Les suggestions vont être
ouvertes et permissives.
w Hypnose
et douleur
L’hypno-analgésie diminue la
composante affective de la douleur
(l’émotion désagréable) de 80% et sa
composante sensorielle de 45% (Price et
Barber). Ces mécanismes commencent à être
partiellement expliqués
(Neuro-psycho-immunologie…). On connaît un
peu mieux maintenant comment le cerveau
limbique (« pensant ») transforme les
émotions, les pensées en ordres biologiques
vers le cerveau végétatif (hypothalamus)
Cette transmission se fait par les
neurotransmetteurs. Cette transformation de
l’activité psychique en messages biologiques
se nomme transduction. Par exemple, si
j’apprends une mauvaise nouvelle, je vais
pâlir (les vaisseaux de mon visage subissent
une vaso-constriction). Ainsi, l’hypnose
génère des émotions qui se répercutent
ensuite sur le corps.
w Hypnose
et migraine
Le néophyte ne connaît
souvent de l’hypnose qu’une image
standardisée, ou le patient est en transe et
le thérapeute produit des suggestions plus
ou moins directes. La réalité de l’hypnose
ericksonienne est toute autre. L’hypnose est
un mode de relation, avec transe ou sans
transe (officielle). Dans le domaine de la
douleur et de la migraine en particulier, le
dialogue thérapeutique est prépondérant. Un
entretien efficace produit déjà un effet
direct ou indirect sur la douleur.
Manipulation
conversationnelle de la douleur : la douleur
est subjective, peut donc être modifiée dans
sa perception. Un enfant migraineux va par
exemple se plaindre de crises répétées. S’il
y a crise, il y a donc aussi des moments où
il n’a pas mal, moments qu’il ne repère
plus, ou mal. Il y a aussi un nombre
important d’endroits où l’enfant n’a jamais
mal, mais qu’il ne traite pas avec la même
attention. Un entretien bien mené permet de
fractionner la douleur.
De même, on peut explorer les
moments où cela va bien (qui sont en général
plus importants en temps que les moments de
crise), et demander à l’enfant, comment il
fait dans ces moments pour ne pas avoir mal.
On met en place des repères concrets de
bien-être, critères et, même si l’enfant ne
sait pas exactement comment il fait, ce
questionnement fait naître en lui l’idée de
contrôle, l’idée que c’est lui, consciemment
ou non qui peut influer sur son bien-être.
Il devient acteur.
w Dissociation
La dissociation est un
outil également important : mettre la
douleur à distance. Ainsi, dans le discours,
« tes maux de tête » deviennent « la
migraine ». La migraine devient externe, on
la dissocie du sujet. Il est beaucoup plus
facile de changer quelque-chose d’extérieur
à soi plutôt que quelque-chose dont on
considère qu’elle fait partie de soi. Le
dialogue thérapeutique doit générer cette
distanciation. De nombreuses
stratégies de dissociation peuvent se mettre
en place à partir de la représentation de
l’enfant. La douleur, quelle taille
a-t-elle, quelle forme, quelle épaisseur, …
Comment se la représente-t-il ? Là aussi on
dissocie, on met à distance et en
imagination, on travaille l’objet douleur,
sa représentation.
Ex :
« - Ca me serre
- Ca te serre ?
- Comme un étau
- Tu connais les étaux ?
- Oui, mon grand-père en
a un
- Fais comme si l’étau, tu le
prenais et tu le posais devant toi
(dissociation)
- D’accord
- Comment est-il ?
- Il est bleu, il a des
grosses griffes et un levier.
- Un levier pour serrer ou
deserrer ?
- Oui
- Tu peux essayer de deserrer
?
- Oui
- Comment c’est
- Il fait moins peur mais un
peu quand même
- Qu’est ce qui fait peur ?
- Les grosses
griffes
- Des griffes
- Comme un loup. Je veux qu’il
disparaisse.
- Comment elles sont
attachées, les grosses griffes ?
- Avec des vis
- Formidable ! prends un
tournevis, et dévisse-les.
- …
- Démonte-le complètement
- Il n’y a plus que des
bouts.
- Comment fait-on disparaître
des bouts qui ne servent à rien ?
- On les jette
- Alors imagine une
poubelle en fer, et à chaque fois que tu
jettes un bout, ça fait « kling » dans la
poubelle, prends ton temps, c’est toi qui
décides, profites de ce moment. »
Ce type de
visualisaton-dissociation peut être
reproduit par l’enfant en dehors des
consultations, renforçant le sentiment de
contrôle sur la crise migraineuse.
w Visualisation
Les processus de
visualisation sont fréquemment utilisés en
hypnose et relaxation. Il s’agit ici d’un
processus nommé physiomimétique (provoquer
des sensations et des modifications
organiques). La visualisation peut être
métaphorique, en fonction de la
représentation par l’enfant de sa migraine,
mais elle peut également s’inscrire dans un
processus qu’on nomme psychobiologique.
Après avoir expliqué, schéma à
l’appui si nécessaire, ce qu’était la
vascularisation sanguine, on demande à
l’enfant de se représenter sa tête, et le
vaste réseau sanguin. Et là, observer une
circulation sanguine qui se fait de manière
fluide et régulière, quelques soient les
circonstances.
w Recadrage
inconscient / Traitement « psychosomatique
»
Cette technique apporte de
nombreux résultats dans le champ de la
psychosomatique. L’enfant installé en état
modifié de conscience, on demande à la
partie inconsciente « responsable » des
crises migraineuses de construire d’autres
solutions, respectant l’équilibre de
l’individu mais adaptées au bien-être. On
dialogue même si nécessaire avec cette «
partie à l’origine des migraines ».
w Substitution
sensorielle
Sous hypnose,
l’enfant apprend à remplacer une sensation
par une autre, à provoquer telle ou telle
sensation (fraîcheur de la tête,
analgésie…). Là encore, c’est une compétence
personnelle qu’il peut développer.
w Régression
Il
parait
également intéressant de faire régresser,
d’un point de vue physiologique le sujet à
une époque où il ne faisait pas de
migraine, afin de stocker les informations
de l’époque correspondant au bien-être.
Bref,
les
outils sont nombreux et permettent de
résoudre ou d’améliorer de manière
importante les phénomènes migraineux chez
l’enfant.
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Evaluation
hypnose
et
relaxation dans la migraine de l'enfant
Efficacité de la relaxation et
l'hypnose en traitement de fond chez l'enfant
migraineux
Etude
randomisée contrôlée
Centre
de
la migraine de l’enfant
Hôpital
d’enfants
Armand Trousseau -75012 Paris
D.
Annequin, I. Celestin Lhopiteau, R.
Amouroux, B. Tourniaire, A.
Tonnelli
Cette
étude
porte sur l'utilisation séparée des
deux approches, non sur
l'utilisation conjointe qui
correspond à ma pratique décrite sur
ce site, mais constitue en elle-même
une information intéressante
|
Méthode
38
enfants âgés de 6 à 15 ans (11.9 ± 2.4).
Présentant
au
moins 3 crises mensuelles de migraine
(IHS).
Chaque
enfant
bénéficie du même traitement de crise
médicamenteux (AINS).
Trois
groupes
ont été tirés au sort :
- groupe
contrôle
(pas de traitement de fond).
- groupe
relaxation
(12
sessions sur une période de 3 mois).
- groupe
hypnose (12 sessions sur une période
de 3 mois).
Durant
six mois, lors de chaque crise, l’enfant
notait :
- l’intensité
douloureuse
(0 -10).
- la
durée
de
la crise.
Résultats
On
a observé une amélioration significative
chez les enfants bénéficiant de relaxation
ou d’hypnose :
- diminution
d’au
moins 50 % du nombre de crise,
- diminution
de
l’intensité des crises,
- action
plus rapide des médicaments de
crise.
L’effet
observé
est
prolongé puisqu’il est retrouvé 3 mois
après l’arrêt des séances d’apprentissage
de la relaxation ou de l’hypnose.
Nombre
de
crises par mois
Pourcentage
de
crises dont l’intensité diminue d’au
moins 50 %, une heure après le
traitement de crise
CONCLUSION
L’apprentissage
de
l’hypnose et de la relaxation représente
un traitement de fond très efficace de
la migraine de l’enfant. Cette
étude
a reçu le soutien de la Direction
Générale de la Santé et de la Fondation
de France.
Jérôme
Boutillier, thérapeute et coach
- Enseignant à l'Institut
Normand
de Coaching et de Thérapies Brèves
- Auteur de Migraine,
hypnose
et relaxation
Par
l'auteur de cet article :
L'hypnose
est
à présent utilisée dans tous les
centres anti-douleur. L'auto-hypnose
est d'ailleurs rapidement pratiquée
par les patients. Mobilisant les
capacités naturelles de l'individu à
se venir en aide, conscientes et
inconscientes, les résultats sont
spectaculaires, car efficaces et
redonnant au sujet le contrôle, la
gestion de ses difficultés. Ce CD
présente les diférentes techniques
les plus employées en hypnose et
sophrologie : détente physique,
détente mentale, outils
respiratoires (expulsion des
tensions, toxines...), ressources
diverses
(chaleur, bulle de protection),
entrainement à l'analgésie
naturelle, traitement
psycho-somatique,
"reprogrammation" physiologique et
psychologique, traitement de la
douleur. Douleur traumatique,
chronique ou psycho-somatique, un
grand panel d'approches,
puissantes et efficaces. En
savoir
|