Se
libérer de ses peurs, phobies - Hypnose - 1 CD ou téléchargement
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Avoir
confiance en soi - 1 CD ou téléchargement immédiat
Phobie sociale
I.
APERCU
Définition
Les phobies
sociales concernent les individus qui, dans une ou des situations sociales
éprouvent une forte anxiété. Ces manifestations anxieuses
intenses et la plupart du temps paralysantes ou inhibitrices conduisent
le sujet à éviter les dites situations, d’où un fort
handicap.
Critères
diagnostiques DSM IV (manuel diagnostique le plus courant)
A. Une peur
persistante et intense d'une ou plusieurs situations sociales ou bien de
situations de performance durant lesquelles le sujet est en contact avec
des gens non familiers ou bien peut être exposé à l'éventuelle
observation attentive d'autrui. Le sujet craint d'agir (ou de montrer des
symptômes anxieux) de façon embarrassante ou humiliante. |
B. L'exposition
à la situation sociale redoutée provoque de façon
quasi systématique une anxiété qui peut prendre la
forme d'une Attaque de panique (voir page Trouble
Panique) liée à la situation ou bien facilitée
par la situation. |
C. Le sujet
reconnaît le caractère excessif ou irraisonné de la
peur. |
D. Les situations
sociales ou de performance sont évitées ou vécues
avec une anxiété et une détresse intenses. |
E. L'évitement,
l'anticipation anxieuse ou la souffrance dans la (les) situations(s) sociale(s)
redoutée(s) ou de performance perturbent , de façon
importante, les habitudes de l'individu, ses activités professionnelles
(ou scolaires), ou bien ses activités sociales ou ses relations
avec autrui, ou bien le fait d'avoir cette phobie s'accompagne d'un sentiment
de souffrance important. |
F. Pour les
individus de moinsde 18 ans, on ne porte le diagnostic que si la durée
est d'au moins 6 mois. |
G. La peur
ou le comportement d'évitement n'est pas lié aux effets physiologiques
directs d'une substance ni à une affection médicale et ne
sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (p. ex. le
trouble panique avec ou sans agoraphobie). |
H. Si une
affection médicale générale ou un autre trouble mental
est présent, la peur décrite en A est indépendante
de ces troubles; par exemple, le sujet ne redoute pas de bégayer,
etc.. |
Les caractéristiques
habituelles associées à la phobie sociale comprennent une
hypersensibilité à la critique, à une évaluation
négative ou au rejet, une faible estime de soi ou des sentiments
d'infériorité. Les sujets ayant une phobie sociale craignent
souvent une évaluation indirecte par les autres telle que de passer
un examen. |
De
manière plus détaillée
L’anxiété
sociale est perçue sous deux angles essentiels :
Anxiété
de performance : face à un observateur, au centre de l’attention,
perte des moyens et ressources : anxiété de performance
Anxiété
d’interaction : se sentir évalué dans une relation et à
son désavantage. Perte du statut d’interlocuteur valable : anxiété
relationnelle.
PERFORMANCE
|
INTERACTION
SOCIALE
|
Téléphoner
en public |
Parler à
des gens qui détiennent une autorité |
Participer
au sein d’un petit groupe |
Aller à
une soirée |
Manger dans
un lieu public |
Contacter
par téléphone quelqu’un qui ne vous connaît pas très
bien |
Boire en compagnie
dans un lieu public |
Parler à
des gens que vous ne connaissez pas très bien |
Jouer, donner
une représentation ou une conférence |
Rencontrer
des inconnus |
Travailler
en étant observé |
Etre le centre
d’attention |
Ecrire en
étant observé |
Exprimer
son désaccord ou sa désapprobation à des gens que
vous ne connaissez pas très bien |
Uriner dans
des toilettes publiques |
Regarder dans
les yeux des gens que vous ne connaissez pas très bien. |
Entrer dans
une pièce alors que tout le monde est déjà assis |
Essayer de
draguer quelqu’un |
Prendre la
parole à une réunion |
Rapporter
des marchandises dans un magasin |
Passer un
examen |
Donner une
soirée |
Faire un compte
rendu à un groupe |
Résister
aux pressions d’un vendeur insistant |
Hierarchie
peur / évitement des situations
- Chez l'enfant
:
Situation |
Peur et
évitement chez des enfants phobiques sociaux |
Parler en
public |
88%
|
Manger en
face des autres |
39,3%
|
Etre en classe
avec les autres enfants |
27,6%
|
Ecrire en
étant observé |
27,6%
|
Utiliser les
toilettes publiques |
24,1%
|
Parler à
des personnes représentant l'autorité |
20,7%
|
- Chez l'adulte
:
Situation
|
Peur
et évitement chez des sujets phobiques sociaux
|
Prise de parole
et interaction formelles (cours, réunions...) |
70%
|
Prise de parole
et interactions informelles (repas avec des inconnus, soirée...) |
|
Affirmation
de soi : exprimer son désaccord, refuser, demander, donner son avis... |
31%
|
Observation
par les autres : effectuer une tâche (manger, boire, travailler...)
sous le regard des autres. |
22%
|
Anxiété
sociale : de nombreux visages
L’anxiété
sociale est multiforme :
- Le trac
: appelé également anxiété de performance.
Il s’agit d’un phénomène ponctuel. Le sujet n’est pas dans
une situation relationnelle proprement dite (deux ou plusieurs individus
qui communiquent). Il est seul face à d’autres. Ici, c’est le regard
de l’autre qui pose problème pendant la situation de performance
(exposé, concert, …).Le trac ou anxiété de performance
est universel : habitude émotionnelle, trouble ou pathologie ? Ces
degrés sont divers, plus ou moins handicapants, donc, plus ou moins
pathologiques.
- La timidité
: la timidité, terme flou pouvant décrire des manifestations,
façons-d’être bien différentes, est plus souvent considérée
comme un trait de personnalité acquis. Phénomène constant
dans les relations inter-personnelles qui s'atténue avec l'apprentissage
de nouvelles compétences.
- La phobie
sociale : contrairement à la timidité, elle peut apparaître
en dehors de tout trait de personnalité apparent. Elle n’est pas
constante et dépend de l’importance que le sujet lui accorde.
|
Trac
|
Timidité
|
Phobie
Sociale
|
Quelle
situation? |
- En situation
de performance |
-
En situation sociale |
-
En situation sociale |
Manifestation |
-
Ponctuelle |
- Chronique |
-
Ponctuelle |
Avant |
- Appréhension |
- Gêne |
- Panique |
Pendant,
attention portée |
-
Sur la performance |
-
Sur les autres |
- Sur soi |
Peur |
- De ne pas
être à la hauteur |
- De ne pas
être intégré, accepté |
D'être
humilié ou agressé |
Après |
-
Déception |
-
Déception |
- Honte |
Concordance
trouble / personnalité |
-
Non |
-
Oui |
-
Non |
Statégie
comportementale |
-
Adaptation |
-
Adaptation |
- Evitement |
Nature |
-
Normale |
-
Normale |
- Pathologique |
Que peut-on
en retenir?
La phobie sociale
a en commun avec la timidité : la situation (sociale)
La phobie
sociale a en commun avec le trac : le caractère ponctuel et pas
nécessairement conforme avec la personnalité
Les particularismes
de la phobie sociale :
- Panique
- Regard porté
sur soi
- Peur d'être
humilé ou agressé
- Honte
- Evitement
Ces manifestations
cognitives, comportementales, psycho-corporelles extrèmes et radicales
transforment le trouble en pathologie.
Phobie
sociale et autres troubles
Phobie
sociale et autres troubles
|
Pourcentage
|
Trouble
panique |
4,7%
|
Trouble
obsessionel compulsif |
11,1
|
Dysthymie |
12,5
|
Agoraphobie |
44,9%
|
Phobie
spécifique |
59%
|
Les chiffres indiquent
une propension au développement d'autres troubles. Cette observation
conduit à s’intéresser avec plus d’attention au facteur commun
: l’anxiété elle-même.
Les
grandes lignes de la phobie sociale
1. Symptômes
- Symptômes
physiologiques : tensions et manifestations neuro-végétatives
disproportionnées : tensions musculaires, douleurs musculaires,
fatigue, tremblement, sensation d’étouffement, tachycardie, sécheresse
de la bouche, …
- Symptômes
cognitifs : hypervigilance, focalisation, hyperconscience de soi et par
voie de conséquence, difficulté de concentration, de mémoire
(trou noir) distorsions cognitives (lecture de la réalité
éloignée de la réalité elle-même)…
Anticipation
anxieuse, besoin de réassurance.
- Symptômes
comportementaux : conduites d’évitement direct ou subtil, vérifications,
inhibition, hyperactivité.
2. Pathologie
Nous l’avons
vu, il convient tout d’abord de différencier timidité , non
pathologique, fréquente pendant l’enfance ou l’adolescence et phobie
sociale qui crée souffrance, détresse intense.
Pourquoi la
phobie sociale est pathologique ?
- Elle est
envahissante, handicapante
- Elle influe
sur le développement et le devenir social et affectif du sujet.
3. Sentiment
d’incompétence
- Peur de l’observation
d’autrui
- Peur de
l’évaluation
- Peur de
ne pas être intéressant – Peur du silence
- Peur du
ridicule
- Dévalorisation
- Sentiment
d’incompétence sociale
La démarche
doit donc être autant pédagogique que thérapeutique
: acquérir les compétences suffisantes. Tout sentiment d’incompétence
peut se corriger par un apprentissage.
Mise
en place - quelques modèles
1. Modèle
comportemental
La phobie sociale
résulte d'un apprentissage.
Deux cas de
figure :
- Apprentissage
d'une conduite dysfonctionnelle : en clair, le sujet prend comme exemples
des individus ou relations déjà problématiques (ex
: parents peu sociabilisés, peu tolérants ou peu affectifs)
- Apprentissage
non référencé : le sujet n'a pas de références,
d'exemples d'un comportement social adapté.
2. Modèle
cognitif
La phobie
sociale nait d'un mauvais traitement de l'information :
- Le danger
vécu, expérimenté est intégré (stress
chronique durant l'enfance, exemple familial et/ou social d'anxiété,
traumatismes divers)
La réalité
(ici les relations sociales) est ensuite interprétée en fonction
de dangers potentiels.
- Un sujet
phobique social a une conscience déformée de lui-même
: image négative et sous-évaluation.
La dimension
cognitive est traitée d'un point de vue plus général
dans l'article sur l'anxiété.
Exemple de
schéma cognitif
I. Le sujet
pense se conduire de manière ridicule ou inacceptable |
II. Il craint
des conséquences négatives telles le rejet, la dévalorisation
de son image ou de son statut |
III. Ces pensées
font naître le phénomène anxieux :
- Les symptômes
anxieux (tremblement, rougissement…) deviennent eux-mêmes des signes
de danger et viennent nourrir l’anxiété.
- L’hypervigilance
aux manifestations somatiques et aux pensées entraînent une
baisse des compétences sociales : le sujet est tourné vers
l’intérieur (pensées, corps), non vers l’extérieur
(la relation)
- Les comportements
d’évitements, de fuite entraînent chez l’autre des comportements
sinon similaires du moins altérés.
|
IV. La performance
sociale est insatisfaisante |
V. L'anxiété
est nourrie, développée. Les compétences ne se développent
pas
Retour en
I. |
Enfants,
ados, phobie sociale / Angoisse de séparation / Refus scolaire
Les rapports
phobie sociale/ Angoisse de séparation / refus scolaire anxieux
sont évidents mais encore peu précis.
L'angoisse
de séparation est traitée par ailleurs.
Le
refus scolaire anxieux, appelé parfois « phobie scolaire
», est également à mettre en avant (peur panique d’aller
à l’école). Néanmoins tout refus scolaire ne constitue
pas nécessairement une phobie. Cette hétérogénéité
constitue d’ailleurs déjà un problème.
Relations
phobie scolaire et phobie sociale : quelque essais de schémas
1.
Refus scolaire du au Trouble angoisse de séparation
|
Le problème
originel n’est pas l’école ou les relations sociales mais la séparation
provoquée par l’école. |
Le désir
relationnel est là, mais l’anxiété de séparation
prédomine :
Altération
- des relations
sociales (crainte d’aller chez des amis…),
- du vécu
de l’école (superficiel inhibé car non-essentiel pour l’enfant
eu regard de la séparation).
Les situations
sont évitées, les compétences ne se développent
pas |
|
2.
Refus scolaire du à une phobie sociale
|
Le système
scolaire est le système social par excellence pour un enfant. Il
est donc logique de trouver un refus scolaire à l’intérieur
d’une phobie sociale déjà mise en place. |
Crainte de
l’évaluation, de la critique (professeurs ou camarades…) |
|
3.
Refus scolaire du à une Anxiété de performance
|
L'anxiété
de performance peut exister à travers une phobie sociale ou indépendamment
de celle-ci |
L’anxiété
de performance se met en place au gré de traumatismes :
- Panique,
perte de moyen en situation d’évaluation
- Peur d’être
mal évalué (notation, jugement moral)
- Peur d’être
agressé par des camarades |
ou
|
Anxiété
sociale / Mécanismes
L’anxiété
sociale est multiforme : trac, timidité, phobies sociales sont des
phénomènes différents qui contiennent eux-mêmes
une belle diversité.
On peut néanmoins
dégager une ligne commune :
1) La peur
du regard
Le tableau
des situations anxiogènes, plus haut dans l’article, révèle
un centre, un facteur commun, originel : la peur du regard de l’autre.
La crainte d’être exposé au regard d’autrui est systématique.
A l’origine du mécanisme, elle va en stimuler le développement.
Il est à noter que cet élément, comme les autres qui
vont être décrits, sont présents chez chaque individus,
ce sont les proportions et la nature handicapante qui mènent au
trouble. Personne n’aime être regardé, un sujet souffrant
d’anxiété sociale simplement plus que les autres. Il s’agit
là d’une peur instinctive, animale pourrait-on dire.
2) Peur
du jugement
Sur cette
peur instinctive va se construire une deuxième strate, celle-ci
psychologique : le regard devient jugement, est interprété
comme tel.
La peur du
regard de l’autre se « concrétise » psychologiquement
:
Ex :
- Toute relation
est une évaluation
- Le sujet
est tourné vers lui-même, non vers ce qui se passe autour
de lui, vers la relation.
- Le sujet
juge sa prestation plus négativement qu’un observateur le ferait
- Le sujet
sélectionne : il se souvient essentiellement des prestations décevantes
- Les relations
sont anticipées, appréhendées négativement
- Les commentaires
positifs ne sont pas entendus et intégrés.
- Le sujet
est inhibé (les compétences sont altérées ou
bloquées, non-développées)
- …
Cette peur
du jugement est en relation avec des phénomènes et mécanismes
divers
a) Peur
de soi : le sujet peut avoir mis en place une anxiété
quant à ses propres réactions. Hypervigilance, attention
portée sur soi, focalisation qui perturbent la performance elle-même
où l’attention pour être efficace, doit être portée
vers l’extérieur.
b) Peur
du regard d’autrui : jugement et évaluation : le sujet est inhibé
(altération des facultés) car il redoute le jugement, l’évaluation,
en l’occurrence, négatifs. On peut rapprocher cela du trac, anxiété
d’évaluation, de performance. Ici, c’est de la performance sociale
dont il est question. Celle-ci est interprétée à travers
le filtre de l’anxiété :
- L’attention
de l’autre est surévaluée (« il me surveille, pas le
droit à l’erreur »)
- Le jugement
négatif est surévalué (« il m’a trouvé
nul(le) »)
c)
Peur de l’image de soi : le sujet qui souffre d’anxiété
sociale a des difficultés à s’adresser des compliments sur
ses performances. En découle un grand besoin de reconnaissance.
Le désir de donner une bonne impression est donc fréquent.
Le problème naît de la présence conjointe de cette
ambition et de la peur de ne pas y parvenir. Désir et peur mêmés
sont ici à la naissance du trouble. On peut ajouter à cela
des exigences excessives que même des «non-phobiques sociaux»
n’auraient pas. Les performances sont donc nécessairement insatisfaisantes.
Anxiété
sociale et comportements
L’anxiété
est un trouble cognitif. On vit une situation, on en pense quelque chose.
Les pensées (les différentes peurs que nous venons d’aborder)
donnent lieu à des émotions et comportements dysfonctionnels,
non-adaptés au bien-être.
Les comportements
anxieux sont schématiquement au nombre de 4 : évitement,
inhibition, vérification, hyperactivité, avec une prédominance
des deux premiers, évitement et inhibition, dans le domaine des
difficultés sociales.
a)
Evitement : les différentes peurs dont nous avons parlé
conduisent l’individu à l’évitement plus ou moins développé
des situations anxiogènes.
Nous sommes
ici dans le principe du cercle vicieux. A chaque évitement, la valeur
anxiogène de la situation augmente. Le trouble s’ »auto-nourrit
» :
b)
Inhibition : l’inhibition représente l’altération
ou le blocage d’une ou de plusieurs facultés ou compétences.
L’évitement
est ponctuel, extrême, non systématique, mais l’inhibition
est un phénomène plus constant, pour devenir presque un «
style relationnel ». En situation anxiogène, le sujet n’a
plus accès à ses ressources et compétences relationnelles
(silences, hésitations, altération de la compréhension
même…) alors qu’en situation non-anxiogène, toutes les qualités
requises sont là.
Même
cercle vicieux que pour l’évitement :
Phobie
sociale et anticipation anxieuse – Particularités
L’anticipation
anxieuse se produit avant les situations-problèmes. Elle prend schématiquement
trois dimensions : psycho-corporelle, cognitive, comportementale. On peut
considérer que ces symptômes « font » partie du
vécu anxieux de la situation elle-même.
L’anticipation
sera donc marquée par
- d’un point
de vue psycho-corporel (tension musculaire, difficulté végétatives
diverses, respiratoires)
- d’un point
de vue comportemental (évitement, hyperactivité, vérification,
inhibition)
- d’un point
de vue cognitif (hypervigilance, focalisation, troubles de la mémoire…)
Ces caractéristiques
de l’anticipation sont valables dans le cadre de tous les troubles anxieux,
mais prennent une valeur particulière dans l’optique de la phobie
sociale.
Pour prendre
quelques exemples :
- Même
si toute phobie est respectable, Il est irrationnel de craindre une souris
(une souris n’est pas « rationnellement dangereuse »)
- Il est irrationnel
de penser mourir ou devenir fou(folle) pendant une prochaine attaque de
panique.
- Il est rationnel
de penser que l’on va louper une performance sociale avant la performance.
La phobie sociale inhibe. Le sujet ne se comporte donc pas naturellement,
en pleine possession de ces moyens.
L’anticipation
anxieuse dans la phobie sociale s’inscrit donc dans un « fond »
de réalité. Il est logique d’avoir peur : quand on est inhibé,
on est « moins bon » socialement.
Cet aspect
est à prendre en compte thérapeutiquement. Pour neutraliser
l’anticipation, il ne suffit pas de rassurer, de mettre à jour le
discours catastrophiste, les comportements dysfonctionnels ou d’expliquer
les manifestations corporelles, Il faut également développer
ses compétences sociales, dans tout ce que cela implique.
Dans le cas contraire, la peur sera quelque part « justifiée
».
II.
CONSCIENCE DE SOI / ESTIME DE SOI
Cette partie
est importante. Importante et à mon avis peu considérée.
Il est une discipline qu'on nomme développement personnel. Curieux
d'avoir besoin de créer une approche, un terme nouveau. Toute approche
psychologique devrait être une démarche de développement
personnel. Psychiatrie, psychologie, délaissent ce domaine, pensant
qu'il s'agit là de considérations secondaires. Opinion étonnante
puisqu'il s'agit de développer la personne. Mais peut-être
veulent-elles simplement soigner? Il est beaucoup question ici d'anxiété.
Le développement de la personne est à mon avis le chainon
manquant. L'axe supplémentaire qui nourrit, génère
les changements, le progrès : le gage d'une approche globale, complête
et réussie.
L’estime de
soi est également une notion nouvelle. Même si elle n’apparaît
pas clairement dans les parutions sur l’anxiété, elle est
un élément capital. L’estime de soi participe à la
genèse de toute difficulté anxieuse et, pourrait-on dire,
de toute difficulté psychologique. Elle est également le
fondement et le "carburant" d'une évolution personnelle et /ou thérapeutique.
L’estime de
soi est l’appréciation que l’individu porte sur lui-même.
Il s’agit
donc d’une démarche évaluative, d’un jugement de valeur.
Pour établir
un tel jugement, l’on se fonde sur la représentation qu’on a de
soi, sur ce qu'on ressent de soi en même temps qu'on le vit : la
conscience de soi. Il est donc important tout d’abord de se connaître
pour s’estimer correctement. Or dans ce domaine, qui plus est dans
le domaine de l'anxiété, l’écart est grand entre ce
que l’individu pense, ressent de lui-même et ce qu’il est en réalité.
La vision de soi est par définition subjective.
Pour bien évaluer,
il faut bien connaître. Et pour connaître, il faut avoir pu
rencontrer. L’estime de soi se construit donc sur des rencontres, rencontres
avec soi-même. Ce sont les outils de cette rencontre qui vont être
présentés ici :
1ère
rencontre : Dimension psycho-corporelle - schéma corporel et monde
des sensations
Qui dit anxiété
dit difficultés, déséquilibres psycho-corporels :
- Image du
corps défaillante voire absente (monopole de la pensée),
sensations tronquées des zones instinctives (ventre, région
pelvienne, organes sexuels, membres inférieurs…)
- Inhibition
corporelles diverses (corporel associé à l’accessoire, à
la bestialité, la faute, le non-dit…)
- Tensions
multiples (zones de tensions, respiratoires, épaules, membres supérieurs,…)
- Dysfonctionnements
divers (respiration, représentation spatiale, temporelle, enracinement
aléatoire, …)
CORPORALITE
: SE CONNAITRE
Les techniques
psycho-corporelles sont largement abordées sur ce site. Il semble
évident que la connaissance de soi s’établit tout d’abord
à travers la rencontre avec le premier support : le corps. Schéma
corporel, monde des sensations sont des outils de construction, de restructuration.
Connaître, ressentir, apprécier sa dimension corporelle, développer
sa dimension sensorielle sont des outil à prendre conscience. Prendre
conscience de ce que l’on est, ici et maintenant, corporalité et
sensorialité au présent. Idées qui peuvent surprendre
mais correspondent à la manière de fonctionner de chaque
individu avant la conceptualisation par le langage et la prise de pouvoir
de la rationalisation excessive.
Aller à
la rencontre de son corps
Apprendre
à le ressentir, pour le connaître et le maîtriser
Etre au contact
de soi-même ici et maintenant
Equilibrer
: identifier les tensions, les zones corporelles délaissées
voire refoulées
Réhabiliter
un corps global, vécu et ressenti dans son intégralité,
pour lui-même.
Restructurer,
développer sa conscience corporelle
Développement,
travail des sens, organes de perception du monde extérieur
Se représenter
: ouvrir les champs du possible, se découvrir sous de nouveaux angles…
2ème
rencontre : Dimension émotionnelle
L’émotion
est une notion bien complexe.
L’émotion
naît d’un stimuli : en fonction d’un événement, d’une
situation, on réagit de telle ou telle manière.
En cela, l’émotion
est un révélateur de notre perception de la situation, du
réel. Chaque émotion que nous ressentons nous donne de l’information
sur soi, sur la manière dont nous concevons la vie, nous-mêmes,
les autres, le monde qui nous entoure.
Le but des
ces articles étant de développer le concept de conscience
de soi, l’identification et la reconnaissance des émotions est donc
un élément fondateur : « ce que je ressens dit ce que
suis ». De la même manière : « si je nie
l’émotion , si je m’interdis l’émotion, c’est de moi-même
que je m’éloigne ».
Le concept
d ‘ »intelligence émotionnelle », apparu depuis peu
s’est construit sur ces idées fondamentales. Identifier, connaître,
exprimer, respecter ses émotions ainsi que celles des autres, est
un chemin royal vers le bien-être.
Les différentes
émotions seront développées par ailleurs (vie en relation).
Ici, nous nous attachons à l’ »émotion-reine »
en matière d’anxiété : la peur.
La peur
Originellement,
la peur répond à un stimulus bien précis : le danger.
Cette émotion
se révèle pendant l’exposition au danger, mais aussi avant
(appréhension, …) et après (stress post-traumatique). La
peur permet à l’individu de s’organiser pour s’adapter au danger
(montée d’adrénaline, mobilisation du corps…)
Dans le cadre
de l’anxiété, on parle de peur irrationnelle : il n’y a pas
de danger réel, de mise en danger concrète de l’individu.
Décalage
et réassurance
Les émotions
expriment les besoins essentiels de l’individu. Par définition,
la peur exprime le besoin d’être rassuré. Mais rassuré
sur quoi ?
Le sujet anxieux
vit un profond décalage entre la réalité souhaitée,
absolue (ce que je voudrais / devrais être) et la réalité
ressentie, posée comme réel (ce que je pense être).
Le doute s’insinue à ce niveau : « je devrais être ainsi
et je suis comme ça ». Le monologue intérieur de l’anxiété
sociale naît de cette dichotomie : « On parle pour dire des
choses intelligentes, et je n’ai rien d’intéressant à dire
»… De même pour l’anxiété de performance (trac)
: « je devrai pouvoir faire cela, et je ne vais pas y arriver… ».
Dans le domaine agoraphobique, par exemple : « A mon âge, je
devrais aller seul à l’école… et je n’y arrive pas ».
Ce décalage
est profondément vécu, ressenti. D’où la peur et le
besoin d’être rassuré.
Au moment
du doute, de l’émotion, il va y avoir schématiquement deux
options :
- Le sujet
/ l’enfant (car ceci se met en place pendant l’enfance) exprime ces doutes,
sa peur, son besoin d’être rassuré. Il trouve des interlocuteurs
suffisamment nombreux pour l’écouter et le rassurer. Le doute s’atténue,
pour disparaître avec la répétition des réassurances.
- Le sujet
/ l’enfant n’exprime pas ses émotions, ne trouve pas d’interlocuteur
attentif… ou pas d’interlocuteur du tout. Le doute se développe,
jusqu’à la peur et la phobie.
Comment
en vient-on à ne pas exprimer ses émotions ?
L’élément
le plus important est culturel, social :
- Exprimer
ses émotions, c’est être sensible. Etre sensible dans notre
société, c’est être faible : « Tu es un homme.
Un homme ne pleure pas ». L’enfant ne va pas être écouté,
on va plutôt l’ »endurcir pour son bien » : «
Tiens-toi, on nous regarde », « Tu es grand maintenant, arrête
ton cinéma»… La peur d’un enfant est souvent mal perçue,
mal vécue, mal négociée, sans doute d’ailleurs parce
que l’adulte lui-même n’a pas complètement aplani ses propres
difficultés et que lui-même a encore un peu peur du noir.
- Notre société
est rationnelle, scientifique : nul place donc pour l’irrationnel : «
Comment peux-tu avoir peur d’une souris ! », « Tu n’as aucune
raison de craindre ces personnes», « Tu perds la raison ! »…
Face à
ces réaction, nouveau dilemme (par nature insoluble) pour l’enfant
: exprimer ses émotions et perdre l’amour de ses parents ou garder
ses peurs qui, intériorisées, ne vont faire que croître
et embellir. Dans la réalité, il y aura souvent va-et-vient
entre ces deux options, aussi insatisfaisantes et nocives l’une que l’autre.
ANNEXES
Bibliographie
Les phobies
sociales / D . Servant / Masson
La peur
des autres / C. André / Editions Odile Jacob
La timidité
/ L. Crawford / j’ai lu
La timidité
/ C. André / Que sais-je, puf
La timidité
chez l’enfant et l’adolescent / G. George / Dunod
Réussir
à surmonter le trac / JY Bellego / Ellébore
S’affirmer
et comuniquer / JM Boisvert / Editions de l’homme
L’intelligence
relationelle / ML Pierson / Editions d’organisation
Affirmez-vous
/ F. Fanget / Eeditions Odile Jacob
L’estime
de soi / C. André / Editions Odile Jacob
Les phobies,
perspectives nouvelles / J. Cottraux, E. Mollard / PUF
Phobie
et relaxation / collectif / L’esprit du temps
Psychothérapie
des phobies / L. Vera / Dunod
Les phobies
/ C. André / Dominos - Flamarion
Compléments
Web
La
phobie sociale : peu diagnostiquée et peu traitée
http://www.crsfa.ulaval.ca/umf/articles/1999/99_11_17_2.htm
La
phobie sociale responsable de l'échec scolaire ?
http://www.doctissimo.fr/html/psychologie/mag_2000/mag1103/ps_2859_phobie_ecole.htm
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